Comment allez-vous ?
Le week-end dernier était magique. Si vous avez écouté l’épisode 9 du podcast , vous savez que je n’aime pas me vanter de ce que j’ai fait le week-end.
Mais celui-ci était spécial.
Mon petit garçon a fêté ses trois ans. Officiellement, sorti du monde des bébés.
Il en était très fier.
Un week-end plein de joie.
Et je ne vous cache pas mon émotion, ça y est ! Ma parentalité prend un nouveau tournant.
Pour continuer notre série sur la perfection, aujourd’hui, nous parlons du parent parfait.
Le métier impossible de parent parfait
Vous passez un pont invisible, vous voilà bien arrivé dans la parentalité.
Sans, à vrai dire, beaucoup de préparation.
Et avec beaucoup d’idéaux.
Mais aussi tout le monde vous scrute et sait mieux que vous.
On attend de vous d’être dans la bienveillance, connaître les besoins de votre enfant, être disponible et ne jamais vous mettre en colère.
Si votre enfant pleure, c’est que vous n’avez pas fait comme il faut. Certaines personnes diront tout de suite que ce sont des caprices parce que vous ne savez pas mettre des limites à votre bébé.
Il ne faut pas trop le porter pour ne pas l’habituer.
Mais il faut quand même pratiquer le parentage proximal.
Il faut lui parler mais pas pas trop, qu’est ce qu’il en sait.
L’attente de la société vis à vis des parents est très ambivalente.
Les injonctions contradictoires qui pèsent sur chaque parent.
Il y a les tendances éducatives.
Et les alternatives éducatives qui deviennent des normes.
Il y a aussi les gourous de l’éducation positive.
Mais aussi les attentes du monde extérieur vis à vis des parents.
Soyons honnêtes, plutôt vis à vis des mères.
Avez-vous remarqué aussi ce mythe de la mère parfaite ? du parent parfait ?
Quand vous accédez au statut de mère, tous les yeux sont sur vous pour critiquer vos faits et gestes.
Mais on vous assène que vous devez atteindre ce standard de mère parfaite.
Que tout le monde, avec bonne foi (ou mauvaise foi je ne sais pas) sait qu’il est atteignable.
Pour tout vous dire, cela me fascine.
Quoique vous fassiez, c’est toujours de votre faute. Mais essayez quand même.
Vous avez une carrière ?
Si vous êtes une femmes, vos pauvres enfants ne vous voient pas.
Un homme ? Le pauvre, il ne voit pas assez ses enfants.
Vous restez à la maison ou mettez en pause votre carrière.
Pas bien non plus, il faut penser à soi.
Vous jonglez avec les deux.
Et puis, il faut faire des sacrifices, on ne peut pas tout avoir dans la vie.
Vous l’avez compris, votre accès à la parentalité donne aux autres un pass illimité pour des avis non sollicités.
Et bien sûr, quand vous êtes une femme, vous avez été socialisée, conditionnée à craindre le regard des autres.
Je le sais parce que je suis une femme aussi.
Vous voulez être irréprochable.
Etre un parent parfait ou plutôt une mère parfaite.
Tant pis si vous faites de votre quotidien une mission impossible ou que vous pleurez en silence sur le sol de votre salle de bain.
Et là je vais emprunter la formule d’Isabelle Filliozat.
Ce n’est pas qu’elle ne m’agace pas quand elle fait de la parentalité positive un dogme culpabilisant soit dit en passant.
Mais cette phrase résume ma pensée : les parents parfaits n’ont pas d’enfants.
Oui.
Un parent parfait ne peut pas, par définition, être un parent.
Quand vous accédez à la parentalité, vous continuez à être dans la vie.
Toujours avec ses mouvements permanents et son impermanence.
Votre enfant a sa personnalité, a ses propres besoins.
Mais vous avez aussi les vôtres.
Cet accès à la parentalité peut-être parfois déstabilisant.
Parfois semé de difficultés. Parfois merveilleux et magique.
Souvent tout cela à la fois.
C’est comme tout dans la vie.
Notre mission, en tant que parents, est de vivre tout cela et accepter nos propres limites.
Accepter parfois de se tromper et ajuster ensuite.
Le paradoxe de la parentalité.
Alors bien sûr la partie où on accepte est parfois difficile parce que nous idéalisons tout : la parentalité, la carrière, l’éducation et nos enfants.
Il y a des jours avec et des jours sans.
Il y a la pression du quotidien mais aussi la joie de moments simples.
Vous pouvez a-dorer vos enfants et ne pas aimer jouer avec eux.
Vous êtes autorisée à ne pas aimer tous les jours votre rôle de parent mais continuer à aimer sans conditions vos enfants.
Ce qui se passe aussi, c’est qu’on assène les mères d’injonctions : tu dois arrêter de culpabiliser
ou tu dois lâcher-prise.
Culpabiliser, lâcher-prise, faire le deuil de la mère parfaite, des injonctions qui n’aident pas.
Un parent qui culpabilise, c’est un parent qui se dit qu’il ou elle aurait pu peut-être mieux faire.
C’est un bon signe, ça permet d’ajuster pour les fois d’après.
Ce qui aide vraiment c’est vous reconnecter à votre ressenti, vous faire confiance lorsque vos limites sont atteintes.
Quand vous sentez la fatigue, l’agacement et parfois une envie de fuir, c’est peut-être que cette responsabilité parentale pèse sur vous.
Et j’ai envie de demander : où est le problème ?
Avoir la responsabilité d’êtres dépendants de nous, bien évidemment que ce n’est pas tous les jours les vacances.
Avoir son sommeil hâché, devoir répondre aux sollicitations, ne pas forcément pouvoir faire ce qu’on a prévu de faire…
Bien évidemment que ça ne peut pas être toujours facile.
La charge mentale.
il y a une couche supplémentaire de charge mentale qui pèse sur les parents, c’est celle véhiculée par les nouvelles normes éducatives.
Ce sont toutes ces normes qui demande aux parents de se former et d’acquérir des compétences en psychologie, neurosciences, intelligence émotionnelle, physiologie du sommeil, diététique et nutrition et bien sûr devenir des moines qui transmettent un savoir millénaire en méditation.
Et laissez-moi vous dire, c’est difficile d’être tout cela à la fois en assurant votre rôle de parent qui par définition est un rôle impliqué émotionnellement et complexe.
Alors bien évidemment, quand on sait, on ne peut plus défaire ce savoir.
Et plus on s’informe, plus il devient difficile de tout concilier.
Avant de vous laisser, voici la piste de réflexion pour la semaine
Dans l’équation de la parentalité, il y les parents d’un côté et les enfants de l’autre.
C’est une équation équilibrée, quand les deux composantes sont équilibrées.
Vos enfants ont besoin de vos imperfections, elles les structurent et les rassurent de votre humanité.
Vous avez besoin de prendre soin de vous pour pouvoir assurer ce rôle.
On ne peut pas se servir dans une carafe vide.
Références
Béatrice Kammerer, L’éducation vraiment positive, Editions Larousse