En ce moment, je passe beaucoup trop de temps sur Instagram.
Beaucoup plus que mes limites personnelles ne le permettent.
Disons, que le bon côté c’est que j’utilise la partie “sociale” de ce réseau.
J’ai fait des rencontres merveilleuses et j’aime beaucoup les échanges que j’ai avec plusieurs d’entre vous via des messages privés ou à travers mes posts.
D’ailleurs, je suis curieuse de savoir si vous me suivez sur Instagram ?
Si ce n’est pas encore le cas, courez-y, je n’ai rarement été aussi présente en ligne.
Sur Instagram, j’ai été interpellée par une nouvelle tendance.
Au-delà du monde merveilleux du développement personnel.
Adieu les contenus formatés, tout le monde prône l’authenticité.
Les influenceuses se disent authentiques en nous présentant des gammes infinies de maquillages et de soins pour camoufler nos imperfections.
Les blogueuses culinaires se disent authentiques, elles veulent nous transmettre des recettes non revisitées, comme nos grands-mères les faisaient.
Ce que j’ai encore apprécié ce sont les Marketeurs authentiques.
Même moi quand je veux vendre à mon mari l’idée de changer le tapis du salon, je dois un peu me créer un personnage pour le convaincre.
Alors, oui, voyons faisons du Marketing authentique.
Et bien évidemment, vous l’attendiez, l’authenticité au travail. Une très belle injonction paradoxale.
Qu’est-ce que l’authenticité ?
Une belle valeur, n’est-ce pas ?
Mais, comme la bienveillance, on la malmène.
Avez-vous écouté l’épisode 10 du podcast sur la bienveillance.
En deux mots, la bienveillance est devenue un mot valise et culpabilisant pour un objectif de performance.
Et comme j’aime bien suivre de près les tendances, la bienveillance est dépassée par l’authenticité.
Cette idée que dans la vie, sur les réseaux sociaux comme au travail, on vous demande d’être authentique.
L’authenticité devient cette injonction à toujours être vous-même, j’en ai parlé dans l’épisode 19 : Deviens ce que tu es.
Mais l’authenticité est plus que ça.
L’authenticité est une pratique quotidienne qui veut dire : cultiver le courage d’être émotionnellement honnête, fixer des limites, et s’autoriser à être vulnérable; pratiquer la compassion envers soi-même. Savoir qu’on a des forces et des faiblesses et qu’on est connecté à soi et aux autres à travers l’amour et la résilience.
Brené Brown
J’adore cette définition.
Allez la pratiquer maintenant dans les entreprises !
Dans cette définition, il y a une part d’intime.
Authenticité, fragilité et vulnérabilité
Une part vulnérable de soi qui n’est pas à exposer devant n’importe qui.
Une part à ne pas prendre à la légère.
Et qui n’est pas objective.
Parce que laissez moi vous dire, mon authenticité quand je vous annonce que je suis authentique ne dépend plus de moi mais de vous.
Elle devient subjective.
En recevant mon message, vous êtes libre de penser que je suis authentique ou pas.
Je vous donne le pouvoir en quelque sorte.
Et cette déclaration d’authenticité va aussi me demander une forme de transparence.
Si je vous déclare sur les réseaux sociaux que je suis authentique, vous allez sans doute vous attendre à ce que je sois transparente avec vous.
Que je vous dévoile plus que je ne veux dévoiler.
Que je vous montre des parts de moi que je réserve à ma sphère privée.
Est-ce que cela veut dire que je suis “Fake” ?
Non, je décide de choisir ce que je veux montrer et poser mes propres limites émotionnelles.
C’est exactement pour cette raison que l’injonction à être authentique au travail est un non-sens.
Mais paradoxalement, quand on choisit de pratiquer l’authenticité pour soi, comme un mouvement interne, il y aura forcément un reflet extérieur dans toutes les sphères de la vie.
Je trouve ça fascinant même.
Toutes ces injonctions à être authentique, bienveillant ou bienveillante, à montrer sa vulnérabilité ou à accepter sa fragilité.
Il ne suffit pas de décider de l’être pour que ça soit acté et vrai.
Ce sont les résultats d’un travail interne profond qui nous met face à nous-même.
Et c’est là que se situe la part de culpabilisation.
Etre toujours soi-même : en sommes-nous capables ?
Pour moi, cette pression à l’authenticité nous envoie directement dans une bataille interne avec nos ego.
et ce n’est jamais facile de trouver cette part de soi-même qui n’est pas l’ego. ça demande un travail immense et un inconfort considérable.
Le psychanalyste anglais Winnicott l’appelle le self. Et il y a un vrai-self et un faux-self.
En d’autres termes, être authentique c’est montrer son vrai-self.
Mais la plupart d’entre-nous, développons un faux-self pour protéger le vrai-self des contraintes extérieures de l’environnement, c’est un peu notre “compliance sociale”.
Alors, que faire de cette injonction à l’authenticité.
Il n’y a pas de secret, et si vous écoutez ce podcast, vous connaissez mon point de vue.
L’authenticité est une affaire personnelle.
Si vous construisez au quotidien cette relation avec vous-même où vous connaissez vos pensées, vos ressentis mais aussi vos limites, ce sera votre reflet extérieur.
Et la question de savoir si vous êtes authentiques ou inauthentiques n’aura plus lieu d’être.
Avant de vous laisser, voici la piste de réflexion pour la semaine
La question de l’authenticité soulève souvent une autre question cachée : Vivons-nous en fuite de qui nous sommes ?
peu importe si, vu de l’extérieur, on ne vous trouve pas suffisamment authentique.
Mais ce n’est qu’en cultivant ce courage d’être émotionnellement honnête avec vous-même que vous assumez votre existence et votre liberté d’être, tel.le que vous êtes !