Cette semaine, je suis tombée par hasard (ou pas) sur un tweet de la militante féministe Illana Weizman.

Nous sommes assignées à devenir mère, et une fois ce rôle social rempli, nous avons droit à une émotion unique: le bonheur, et à un comportement unique, la maternité sacrificielle.

Illana Weizman

Il y a tous mes sujets favoris dans ce tweet.

Les injonctions de la société sur les cases à cocher pour une vie épanouie.

L’accès au bonheur.

La maternité.

Et une lecture entre les lignes renvoie au patriarcat.

J’ai pensé aussi à cette phrase bien sympathique que nous avons bien intériorisée : dans la vie, il faut faire des sacrifices.

Le sacrifice devient un badge d’honneur.

Et dans le cas de la maternité, le sacrifice devient même un baromètre de l’amour.  

Comme souvent avec l’idée d’accès au bonheur, on nous fait croire que le bonheur est une destination.

Que nous allons arriver au Terminus Bonheur quand nous cochons un certain nombre de cases.

Et je défends personnellement cette idée que la maternité ne nous rend pas plus heureuses.

Est-ce que la maternité est une expérience unique ? Absolument.

Devenons-nous différentes en accédant au statut de mère ? Complètement, sans aucun doute.

Avons-nous nos priorités qui changent ? Très souvent.

Mais la vérité, mes amies, c’est que cet accès au bonheur ce n’est pas la maternité, encore moins le sacrifice maternel qui nous le procure.

L’image de la mère qui s’oublie pour ses enfants est très commune.

Mais dans cette injonction au sacrifice, il y a cette idée qu’il existe une seule façon d’être dans le monde.

Une mère qui s’oublie.

Mais voyez-vous le paradoxe ?

Oubliez-vous pour être heureuse.

Viennent ensuite nos amis développeurs personnels pour nous assigner un “Il faut penser à soi !”

Alors, que fait-on ? On se sacrifie ou on pense à soi ?

L’ambivalence maternelle

La Maternité, mes amies, c’est le meilleur endroit pour vivre l’ambivalence.

Mieux que le couple ou le travail.

Et l’ambivalence c’est bien pour nos enfants. 

En réalité, ce qui se passe souvent face à cette ambivalence, c’est qu’on cherche à y résister.

En la masquant par un discours interne en quelque sorte moralisateur : “je ne dois pas penser comme ça…”, “il faut que j’en fasse plus”, “je ne suis pas une assez bonne mère”.

C’est comme ça qu’on finit par s’imposer à soi-même cette idée du sacrifice.

Alors on a beau être épuisées ou parfois juste avoir besoin d’autre chose qu’endosser ce rôle maternel, on prend sur soi.

Parce qu’on pense que c’est ainsi. 

Qu’une mère DOIT se sacrifier pour ses enfants.

Et on oublie souvent qu’on ne rend pas service à ses enfants en renvoyant cette image.

On contribue inconsciemment à faire de cette idée du sacrifice une norme.

Si nous en sommes là aujourd’hui, c’est aussi parce que nous avons, en tant que femmes été socialisées et avons intériorisé ces schémas du sacrifice.

On accepte ce qui ne nous convient pas.

Ou alors tout ce que nous faisons doit être validé par les regards extérieurs.

J’ai récemment découvert une croyance que j’avais personnellement, lors d’une séance de coaching.

Elle était bien intériorisée.

Et elle est sortie sous forme de pensée innocente : “Je suis quelqu’un qui fait ce qu’on attend d’elle, avec beaucoup de patience”.

So cuuute, n’est-ce pas !

Mettez-moi, bien fatiguée, devant un Toddler à 21h qui refuse pour la n-ième fois d’aller au lit.

Avec en arrière-plan, une voix interne qui me souffle : tu es quelqu’un qui fait ce qu’on attend d’elle avec beaucoup de patience.

Vous voyez la torture ?

Mais attention, je ne dis pas que la patience avec les enfants c’est du sacrifice.

J’illustre une situation tout à fait banale de la vie de tous les jours où ces croyances sur le sacrifice ne nous facilitent pas la tâche.

Comment faire autrement, vous allez me dire ?

Déjà, on commence à penser autrement.

Des pensées sur le sacrifice maternel

En identifiant les pensées que vous avez ou qui vous viennent à ce sujet.

Elles peuvent vous paraître, parfois, comme des réalités non discutables.

Comme par exemple : “Je suis obligée de choisir entre ma réussite professionnelle et rester avec mes enfants à la maison”

ou bien

“Je ne peux pas être les deux : mère et ambitieuse”

Parfois, c’est encore plus mignon.

“ La société me considère comme moins valide qu’un homme quand je deviens mère”.

Toutes ces pensées (et bien d’autres) traduisent cette intériorisation de l’idée du sacrifice maternel comme une fatalité.

Mais elles ne génèrent sûrement pas les émotions ni l’énergie qui vous portent dans vos différents rôles.

Personnellement, je me suis souvent entendu dire que “je me sentais fatiguée et épuisée”.

Puis, un de mes enfants a dit un jour : maman est toujours fatiguée, de toutes façons.

C’était LE déclic.

Quelle image je renvoyais justement à mes enfants ?

Celle qu’une mère est toujours l’ombre d’elle-même. Epuisée. Fatiguée. Ne prenant pas assez soin d’elle ?

Avant de vous laisser, voici la piste de réflexion pour la semaine 

Le sacrifice est présent dans nos inconscients collectifs de différentes façons.

Et il y a le mythe de la mère parfaite qui se sacrifie et passe les besoins de ses enfants avant les siens.

Le monde du sacrifice maternel.

Mais il y a aussi le monde de la nuance.

Là où on déconstruit nos héritages du passé.

Et où la crainte de passer pour une mère indigne est remplacée par l’acceptation de nos imperfections maternelles.

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