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Aujourd’hui nous parlons de la célèbre phrase attribuée au philosophe Nietzsche : « Deviens ce que tu es » qui l’a lui-même empruntée au poète antique Pindare.

Cette injonction à devenir soi-même, a été utilisée dans une campagne de pub d’un grand cabinet d’audit pour recruter de jeunes diplômés.

Ou encore dans une série de vidéos pour illustrer l’authenticité d’une banque française auprès d’entrepreneurs.

Elle a même servi de slogan de recrutement dans l’armée de terre.

C’est une sorte de Mantra du monde merveilleux du développement personnel.

Mais Deviens ce que tu es est une injonction un peu contradictoire.

Ce qu’on est, est ce qu’on est, quelque chose d’immuable. 

Alors comment on pourrait devenir ce qu’on est ?

Est-ce qu’on doit trouver qui on est ? Où et comment chercher ?

Ou alors doit-on évoluer vers une nouvelle version de nous-même qui va révéler nos potentialités.

Je vous en parlais d’ailleurs dans l’épisode 3, une mise à jour est disponible.

Ou tout simplement accepter notre humanité dans son imperfection, ses hauts et ses bas ?

Même contradictoire, il me semble que cette injonction appelle quelque part à sortir de soi pour s’affirmer.

Vous savez que je n’aime pas le caractère culpabilisant de ces formules.

Mais si je reviens à Nietzsche.

Sans vouloir vous ennuyer avec la philosophie (qui n’est absolument pas mon domaine d’expertise en plus), Nietzche a dans sa pensée une certaine conception de la subjectivité.

Nous, humains, selon lui, tels que nous existons, sommes des brouillons de nous-mêmes, quelque part inachevés.

Deviens ce que tu es, nous inviterait à utiliser notre volonté.

La volonté ?

Vous vous rappelez de l’épisode 5 où je vous ai parlé du mythe de la volonté ?

Si vous avez écouté l’épisode, vous savez que  ce mythe de la volonté est un  piège qui déclenche la culpabilité.

Comment devenir soi-même ?

Quand je réfléchis personnellement à cette formule, je me demande qui je suis et ce que je veux devenir.

Je suis d’abord, une somme d’influences.

Mon éducation au sens large.

La culture dans laquelle j’ai grandi.

Les challenges que j’ai rencontrés personnellement.

Les personnes que j’admire ou les enseignants et enseignantes que j’ai eu.

Les auteurs que j’ai lu.

Mais aussi une somme de valeurs personnelles, tout ce qui compte vraiment pour moi. 

Les valeurs intrinsèques qui sont un moteur mais aussi qui facilitent mes choix et mes décisions.

Ce que je veux devenir, c’est toujours cette idée de développer un esprit libre, une conquête d’une forme d’indépendance mais aussi une valorisation de l’interdépendance. 

Et si finalement, deviens ce que tu es, était une invitation à expérimenter. 

A accepter de vivre pleinement l’expérience humaine dans sa totalité pour le meilleur et pour le pire. 

Accepter aussi nos parcours dans leur singularité mais aussi le rôle du collectif dans ce que nous sommes.

Avant de vous laisser, voici la piste de réflexion pour la semaine

La meilleure façon de devenir ce qu’on est est de se dépasser soi-même. Non pas se dépasser dans le sens dans une course folle à la performance. Vous me connaissez, ce n’est pas le genre de la maison.

Devenir soi-même en se dépassant à travers les autres. A travers quelque chose de plus grand que soi.

Je dis souvent que mes enfants mais aussi mes clientes m’apprennent beaucoup sur moi-même. 

Parce que la vérité est là : s’impliquer de façon humble avec les autres, dans une interaction sincère pour les aider à évoluer et à grandir, c’est ce qui nous dépasse mais aussi nous fait grandir.

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