Je relisais cette semaine les réponses à un questionnaire que j’ai partagé en Avril.
Un questionnaire sur la pression du quotidien.
Et une question m’a interpellée : Tout avoir n’est-il pas une illusion ?
LA fameuse question !
Quand j’accompagne mes clientes ou je parle avec mes amies.
Il y a ce mythe de la femme qui a tout : on la voit de plusieurs façons, elle est soit :
- Surhumaine
- Rentière
- Indépendante, elle travaille pour son compte
- Sans enfants
Mais d’abord, pourquoi le terme “tout avoir” ?
Dans le récit féministe, l’égalité homme-femme a toujours pris une place importante.
Mais que veut dire cette égalité ?
Si on remonte dans le temps, à l’ère pré-industrielle, les femmes avaient la responsabilité du travail domestique et les hommes travaillaient à l’extérieur (en général, un travail de la terre).
Cette répartition faisait sens à l’époque.
Et l’égalité ?
Aujourd’hui, quand on cherche cette égalité, on reste sur une base masculine : un monde fait par les hommes pour les hommes.
Le focus est toujours sur les résultats : une vie de famille épanouie, privilégier le travail au travail sur la famille.
Parce que, ne l’oublions pas, le travail que les femmes ont toujours fait gratuitement, est très important même au 21e siècle.
Et donc, cette idée de “tout avoir” vient pour les femmes qui veulent réussir professionnellement tout en gardant une harmonie et une attention à leur famille.
En somme, jongler entre des responsabilités professionnelles et familiales.
Et bien évidemment, l’échelle d’évaluation est faite par les hommes leaders, qui, encore une fois traditionnellement, n’ont investi que cette sphère.
Pensez à une génération ou deux avant nous.
Les hommes atteignent des postes de responsabilité.
En exerçant un rôle de leadership mais ils n’avaient que cette “réussite” là à atteindre.
Ils ne jonglaient pas.
Ou ils ne couraient pas à 16h chercher leurs enfants à la sortie de l’école.
Avant de lever les yeux.
Et penser que je vous raconte des faits de la préhistoire, laissez-moi vous dire quelque chose.
Le modèle dont je vous parle est bien un modèle de la famille traditionnelle.
Un modèle avec un couple hétérosexuel, un ou plusieurs enfants et deux carrières.
Et la question de “tout avoir” est dans une majorité des cas posée dans ce contexte.
Dans ce modèle de famille.
Maintenant, cela ne veut pas dire que dans les familles monoparentales.
Ou homoparentales ou dans les couples sans enfants.
Cette question de “tout avoir” ne se pose pas, elle est juste moindre.
Comment dans ce cas redéfinir le terme “tout avoir” ?
Dans un monde patriarcal, “tout avoir” est tout simplement “tout faire”.
Vous voyez maintenant pourquoi vous avez une charge mentale et une to-do list à rallonge, ou pas encore ?
Une définition pour chaque femme
Mais si chaque femme décide de ce que ce terme veut dire.
En acceptant de prioriser ce qui est vraiment important pour soi.
On arrive à autant de définitions que de femmes.
Je vais vous dire ce que ça veut dire pour moi.
Personnellement, je pense que la vraie égalité qui permet de “tout avoir” est bien celle qui valorise l’investissement sur la famille autant que sur une carrière professionnelle.
Ce n’est pas l’un ou l’autre mais bien l’un ET l’autre.
Et quand on valorise autant les deux, on arrive à prioriser parfois l’un sur l’autre sans trop de drame mental.
Les deux sphères ont la même valeur pour soi, alors on sait laquelle prioriser et à quel moment.
J’aime cette histoire que raconte Shonda Rhimes, la créatrice de la série Grey’s Anatomy entre autres.
Au moment de filmer la dernière scène avec une actrice importante (le personnage de Cristina dans la série).
La fille de Shonda avait un spectacle important à présenter en public à l’école.
Même jour, même créneau.
Comment choisir de tout avoir ?
En connaissant ses priorités, ce qui était important pour elle.
Elle a pu choisir à quel endroit elle voulait être sans culpabilité.
Ne partez pas, restez avec moi.
Les croyances qui mènent à la conclusion que tout avoir est une illusion sont bien intériorisées.
Car les femmes ont été socialisées à croire qu’elles doivent :
- cocher toutes les cases (je vous en ai parlé dans l’épisode 28)
- qu’elles ne peuvent pas être de merveilleuses mères tout en réussissant leur carrière professionnelle
- qu’en ayant des enfants, elles sont moins légitimes
Et cette liste n’est pas exhaustive.
Ces croyances créent une sorte de conflit interne.
Beaucoup de femmes se sentent moins disponibles pour faire ce qui compte vraiment pour elles.
Elles ruminent toutes ces pensées et ça les irrite.
Et elles finissent par abandonner la bataille. A quoi bon !
Ecoutez, je vous entends.
Une question de cheminement personnel
Si je vous parle de ça, c’est que vous vous en doutez, je suis passée par ce cheminement.
Et j’ai l’impression certains jours que je nage à contre courant.
Mais il y a quelque chose qui ne fait plus aucun doute pour moi.
Quand je me trouve dans un trop-plein de questionnements, dans ce conflit interne entre mes rôles.
Quand la question de savoir si j’en fais assez se pose à moi.
Je prends une grande respiration et je me repose une question.
Qu’est-ce qui est vraiment important pour moi à cet instant précis ?
Parfois c’est prendre soin de mes enfants.
D’autres fois c’est de prendre 2 heures pour finir mon travail et aller chercher mes enfants plus tard.
Et certaines fois, c’est d’aller récupérer mes enfants et oublier tout le reste.
Qu’est-ce qui est vraiment important pour moi à cet instant précis ! Posez-vous cette question sans limites.
Avant de vous laisser, voici la piste de réflexion pour la semaine
Observez-vous un instant avec votre casquette de professionnelle ?
Ne trouvez-vous pas que vous êtes plus efficace, orientée résultat et motivée quand vous avez une flexibilité dans la gestion de votre famille ?
Peut-être que le modèle sociétal n’est pas ce qui favorise votre épanouissement personnel et professionnel ?
Que la question que votre parentalité n’est pas un frein à votre carrière n’a pas lieu d’être ?
Le fait qu’on puisse penser, en tant que femmes, que tout avoir est une illusion.
C’est déjà un problème interne que nous devons règler en examinant nos propres croyances.